Il y a une raison pour que l'Union Paneuropéenne tienne son congrès à Vienne et Bratislava. Le congrès a pour thème l´élargissement de l´Union Européenne, on pourrait même dire la réunification de l´Europe. Vienne et Bratislava se trouvent à 60 km l'une de l'autre. La capitale autrichienne fait partie de l'Union Européenne. La capitale slovaque est (encore) séparée de l'Union Européenne par une frontière "Schengen". Les manifestations dans ces deux villes veulent symboliser le pas vers l'élargissement, vers la réunification européenne, que les peuples d'Europe centrale et orientale ont commencé à franchir par leur victoire sur la domination soviétique.
Le congrès commence vendredi soir par la remise du Prix Européen Coudenhove-Kalergi à l'Évêque de Banja Luka, Franjo Komarica. Ce Prix est attribué tous les deux ans à une personnalité qui, par son action ou ses écrits, a contribué de manière décisive à la construction d'une Europe libre. Le Prix a été décerné entre autres au Président autrichien Rudolf Kirchschläger, au Chancelier allemand Helmut Kohl, au Ministre-Président de Bavière Franz-Josef Strauss, au Roi Juan Carlos d´Espagne, à Otto de Habsbourg et à l´ancien Président américain Ronald Reagan. Le Président de la Fondation Coudenhove-Kalergi est Alois Mock, ancien Ministre autrichien des Affaires Étrangères, qui a reçu le Prix en 1994 pour son action en faveur de l'adhésion de l'Autriche à l'Union Européenne.
Les quatre séminaires du samedi matin à Bratislava traitent de sujets importants pour l'Union Paneuropéenne dans le contexte de l'union de notre continent. Nous considérons l'Union Européenne comme une communauté de sécurité. L'élargissement doit apporter sécurité et stabilité à toute l'Europe. L'économie assure la base matérielle. Une économie libre est l'expression d'une société libre.
La discussion sur les frontières de l'Europe promet d'être intéressante. L'Union Paneuropéenne a toujours oeuvré pour la Grande Europe, tout en considérant la Russie et la Turquie comme des partenaires et non comme des membres. La discussion sur les peuples et les populations reflète notre conviction quant à l'importance de la diversité des cultures. L'Union Paneuropéenne a soutenu à plusieurs reprises des initiatives en faveur d'une Charte des droits des peuples et des populations en Europe.
La célébration paneuropéenne de dimanche matin à la Hofburg (après une Sainte Messe célébrée par l'Évêque Komarica au Stephansdom) traitera des thèmes de l'élargissement de l'Union Européenne et de son devenir.
Le fondateur du Mouvement Paneuropéen est le Comte Richard Coudenhove-Kalergi, né le 17 novembre 1894 à Tokyo (Japon) et mort le 27 juillet 1972 à Schruns (Vorarlberg, Autriche).
Richard Coudenhove-Kalergi publie le 15 novembre 1922 dans la ´Vossische Zeitung´ de Berlin et le 17 novembre 1922 dans la ´Neue Freie Presse´ de Vienne un article intitulé ´Paneurope - une proposition´, dans lequel il analyse les conséquences de la Première Guerre Mondiale, qu´il définit comme une ´guerre civile entre les Européens, une catastrophe du tout premier ordre´, et suggère l´union politique et économique des Etats Européens.
Coudenhove-Kalergi a commencé par intéresser à son idéal des hommes politiques et d'autres personnalités importantes. Des intellectuels comme Heinrich et Thomas Mann, Stefan Zweig, Gerhard Hauptmann, Rainer Maria Rilke, Franz Werfel, etc. ont soutenu ses idées. Le Président tchécoslovaque Masaryk était un partisan enthousiaste de l´idée paneuropéenne, tout comme le Chancelier autrichien Ignaz Seipel et le Ministre français des Affaires Étrangères, Aristide Briand. Environ 2000 personnes provenant de 24 pays ont pris part au premier congrès paneuropéen qui s'est tenu à Vienne du 3 au 6 octobre 1926.
Convaincu par les idéaux de Coudenhove-Kalergi, Aristide Briand a proposé, devant la Société des Nations, le 5 septembre 1929, la création d´une fédération des nations européennes. Peu après mourait Gustav Stresemann, le Ministre allemand des Affaires Étrangères, qui avait également soutenu ces initiatives en faveur de la paix. Le développement de l'Allemagne a alors abordé le chemin dangereux qui a abouti à la prise de pouvoir des nazis et à la Seconde Guerre Mondiale. L´Union Paneuropéenne ayant été interdite en Allemagne, Coudenhove-Kalergi a concentré toutes ses forces à la sauvegarde de l´indépendance de l´Autriche, dont à ses yeux dépendait l'avenir de l´Europe.
Coudenhove-Kalergi, ainsi que Otto de Habsbourg, son futur successeur à la Présidence de l´Union Paneuropéenne, ont passé la plus grande partie de la Seconde Guerre Mondiale aux États-Unis.
Coudenhove-Kalergi a compris dès avant la Seconde Guerre Mondiale que le plus grand danger pour l'Europe était le communisme impérialiste. En 1947, il a fondé l´Union Parlementaire Européenne et commencé la reconstruction de l´Union Paneuropéenne. Otto de Habsbourg a été élu Vice-Président de l´Union Paneuropéenne Internationale en 1957. Après la mort de Coudenhove-Kalergi en 1972, il est devenu Président International en 1973 sur proposition du Président français, Georges Pompidou. Vittorio Pons, Conseiller auprès de la Commission des Communautés Européennes et ami personnel de longue date de Coudenhove-Kalergi, était devenu Secrétaire Général en 1965.
En matière d'union de l´Europe, l´Union Paneuropéenne a clairement affirmé qu´elle n´acceptait pas la ligne de Yalta, le rideau de fer, comme frontière de l´Europe. De ce fait, elle a pris des contacts avec des groupes dissidents du bloc de l'Est.
L´Union Paneuropéenne défend aussi fortement les racines chrétiennes de l´Europe qui sont les bases de notre continent.
Par l´élection de Otto de Habsbourg au Parlement Européen en 1979 (première élection au suffrage universel), l´idée Paneuropéenne a commencé à s'implanter au sein de cette représentation des peuples de l´Europe. Un Intergroupe Paneuropéen a été fondé, qui compte aujourd´hui environ 100 membres. Une des premières initiatives de Otto de Habsbourg a été la mise en place d´une ´chaise vide´ dans la salle plénière du Parlement. Cette chaise vide représentait l´appartenance à l´Europe des peuples d´Europe centrale et orientale soumis au joug soviétique.
Les Parlementaires paneuropéens ont notamment préconisé l'introduction d'un passeport européen commun, l'abolition des contrôles aux frontières ou encore les 12 étoiles sur fond bleu comme symbole officiel de l´Europe.
Le 19 août 1989, au cours du ´Pique-nique Paneuropéen´ à la frontière austro-hongroise, les premiers 661 citoyens d´Allemagne de l´Est ont pu s'enfuir vers la liberté. La fin du communisme soviétique en Europe centrale et orientale était enclenchée. Dès octobre 1989, les premiers groupes paneuropéens ont été fondés dans les anciens pays du bloc de l'Est. En Hongrie, l´Union Paneuropéenne existait déjà depuis 1988.
Après la chute du rideau de fer, l´Union Paneuropéenne a soutenu la fondation de sections dans les pays d´Europe centrale. Sur le plan politique, elle a concentré son action sur l'approfondissement, l'élargissement et le renouvellement spirituel l´Union Européenne. Le prochain élargissement de l´Union Européenne, annoncé pour 2004, constitue pour l´Union Paneuropéenne un pas important vers la réunification européenne. Les prochains élargissements en vue de l'adhésion des Etats comme l´Ukraine, la Croatie ou des autres Etats du Sud-Est de l´Europe, qui ne sont pas encore inclus dans le processus d´élargissement, représentent pour nous un objectif important.
L´Union Paneuropéenne travaille à l'enracinement et au renforcement du principe de subsidiarité: seules les questions qui exigent une solution européenne doivent être réglées par l´Europe (par exemple: politique étrangère et politique de sécurité). Il s'agit là de se concentrer sur l´essentiel. L´Union Paneuropéenne lutte pour le renforcement de la diversité européenne.
L´Union Paneuropéenne Internationale a aujourd´hui des organisations membres dans les pays suivants: Albanie, Allemagne, Angleterre, Autriche, Belgique, Bohême-Moravie, Bosnie-Herzégovine, Croatie, Espagne, Estonie, Finlande, France, Hongrie, Italie, Lettonie, Luxembourg, Macédoine, Roumanie, Saint-Marin, Slovaquie, Slovénie, Suède et Suisse.